samedi 22 novembre 2014

Un mec est en train de faire renaître le concept du piano/screamo.


Le gars que vous voyez hurler sur cette photo avec son groupe Après La Chute (screamo from Metz plutôt cool qui s'écoute par ici), c'est celui qui a compris que le concept de pianoter et gueuler en même temps peut être un art aussi cathartique que noble, et qui surtout se doit de rester dépouillé pour garder sa fragilité précieuse, chose qu'à oublié My Own Private Alaska avec son bien trop superficiel Amen, après avoir enregistré un EP d'une intensité rare et qui n'allait pas plus loin que cri/batterie/piano. Le garçon dont il est question aujourd'hui, il s'appelle Franky. Et lui, il joue sur un VRAI piano (un Scholze), pas sur un clavier, et c'est ça qu'est bon. Il synthétise en gros ce dont je rêve de pouvoir réaliser moi-même, pour ne rien vous cacher... Enfin, à défaut de savoir jouer du piano, je serais juste au chant.

Ses compos, il les hurlent en français, et elles sont écrites dans un style bien "french screamo" : entre spleen sentimental et critique de la société, le tout crié avec passion. Les notes de piano sonnent comme les accords de guitare d'un morceau de skramz... Mais dans tout ça, il manque d'un truc. Je me suis d'abord dit que ça manque de percussions. Mais j'ai peur que cela étouffe l'instrument principal, qui en temps normal n'a absolument pas besoin d'être accompagné tant sa prestance et sa puissance sont grandes. Puis j'ai finalement trouvé ce que ça peut-être : la production. Un piano, ça a un son lointain, profond, ça résonne fort. Et la, cette prod ne semble pas réellement mettre en valeur l'instrument... C'est ces caractéristiques qui ont besoin d'être plus mis en avant, pour nous envoûter encore plus, pour mettre en relief ces mélodies qui peuvent être plus salvatrices et éthérées encore que peuvent ne le sortir une guitare pleine de fuzz branchée à 36 pédales d'effets. D'ailleurs, je suis ultra-fan de la manière dont le piano sonne sur l'intro de "Les Ruines De La Cité", cette espèce de réverb'...

Et y'a aussi le cri. Il m'a l'air plus metal que screamo en fait. Franky arrive à sortir une gueulante comme je les aime sur "Post-Mortem"... Ou alors c'est peut être le fait qu'il soit plus "lointain" que sur le restant du skeud ? Mais sinon, ça me fait parfois un peu trop penser à des vocaux black metoool. Mais ça n'enlève rien au quota d'émotions qui ressort de tout cela, rassure-toi. Je peux sûrement pas demander au mec de changer sa manière de chanter, mais disons que j'me suis fait mon idéal en tête, et de voir qu'un mec le touche du doigt et qu'il manque encore deux/trois trucs pour aboutir à la perfection, c'est frustrant, t'as vu. Puis même, le chant parlé qu'il adopte sur l'intro de "Post-Mortem", ou sur "Un Chemin Chaotique", ça serait chouette qu'il y mette plus de détresse. Sois plus en colère, Franky !

Maintenant, je te laisse juger tout cela, toi, lecteur/lectrice impitoyable. Je te laisse décider si ça te prend suffisamment aux tripes, si ça te marque autant que ça a pu m'intriguer. Le dude a encore besoin de bosser son projet, d'affûter ses armes, mais la base est déjà fichtrement intéressante. À lui de nous bluffer à l'avenir. J'ai confiance...

"Alors je marche dans les ruines de la Cité, j'ai beau vouloir y croire mais plus rien ne tient.
La décadence est amorcée et la masse tient bon pour l'instant, mais aucun empire n'est éternel, 
Et imposer l'uniformisation par la peur ne me semble pas une solution.

Mais l'humain est tel le cours du blé; plus il y en a moins l'unité n'a de valeur, 
Alors à quoi bon vous cacher derrière des valeurs humanistes, 
Il suffisait de refuser de marchander la Vie, mais tout est question de pactes économiques."


Bisous, et quitte à écouter du piano, mets-toi à écouter du Chopin.


mercredi 19 novembre 2014

Plaids : Ou comment garder au chaud le Revolution Summer.



Je vous parlais il y a quelques jours de Xerxes et son second album Collision Blonde qui ravive la flamme d'un D.C hardcore un peu oublié sur la scène emo ces derniers temps. Eh bien il semblerait vraiment que la tendance s'inverse. À une semaine de leur concert à Paris, j'ai le plaisir de vous faire découvrir Plaids. Ce groupe, c'est quatre britanniques qui ont sorti un album éponyme au printemps dernier, leur premier full-length, après une pelletée de splits (dont un avec Football, etc) et de démos. Une catapulte qui nous propulse 25 ans en arrière.

C'est délibérément inspiré par le post-hardcore roots des caves de Washington, c'est ultra-dynamique, et il y a même pas mal de plans math-rock qui rendent encore plus énergique et enjoué la musique des anglais, jouant presque avec abus du contraste lumière/ténèbres (l'exemple de "twenty-four" est flagrant). Il y a également des tracks plus traditionnelles mais pas moins puissantes, comme "twenty-six". Ce premier LP, c'est comme si le temps s'était arrêté à la fin des années 80. Les garçons distillent un punk rock aussi détonnant que dissonant, parfois plutôt dur, qui expérimente à tout va comme à la grande époque, et teinté de ces mélodies chaleureuses qui caractérisent le mouvement musical que représente Plaids à la perfection. 

Rien ne se ressemble vraiment, chaque piste a son petit riff, sa petite ambiance qui la rend unique et prenante. C'est à ne surtout pas rater si vous aimez les métronomes musicaux effrénés mais toujours sensibles. Tiens, vu qu'elle repasse dans mes oreilles lorsque je rédige ces lignes, "nineteen" va d'ailleurs plaire aux fans de Tiny Moving Parts... Il me tarde réellement de les découvrir en live et de voir si ils peuvent être aussi fous que l'étaient leurs aînés Rites Of Spring. Allez m'écouter ça, et guinchez, cher(e)s punxs !

"I want to speak, I want you to speak, OPEN YOUR MOUTH !"

Bisous.


lundi 17 novembre 2014

Miles Oliver : Le Dead Projet est mort, vive la folk éthérée.



L'une des activités préférées des musiciens officiant dans le hardcore, c'est de lancer des side-projects folk. Et très souvent, ça vaut le coup : Alcoa, Throw Me Off The Bridge, This Is Me, Said Goner... Et tant d'autres. Parmi eux, il y a un dude que je connais depuis plus d'un an et que je croise de plus en plus souvent aux concerts parisiens. En vrai, on l'appelle tous Flo. Il jouait à la base dans le groupe Le Dead Projet, qui fût jusqu'à son split l'an dernier l'un des tout meilleurs groupes de la très vaste étiquette post-hardcore, sur la capitale. Après tant d'années passées à bouffer de la route, à jouer dans des squats et des cafés-bar dans la frénésie et l'euphorie d'un public encore vivant dans ce milieu, à déverser des kilotonnes de colères et de dissonances, quand ses collègues sont encore partis sillonner la route et balancer des séismes soniques (le frontman Ben a fondé No Place Like Road juste après la séparation du Dead Projet, et même pendant si tu veux tout savoir), il a choisi de se poser, tout en continuant de jouer de la musique, chose qu'il n'arrêtera probablement d'en jouer... Et même si c'était le cas, il ferait encore jouer des groupes via l'asso avec laquelle il bosse, Old Town Bicyclette. Flo, c'est donc maintenant Miles Oliver. Et sur Facebook, c'est encore quelqu'un d'autre... Je vous rassure, il n'y a aucun cas de schizophrénie ni chez le bonhomme ni dans ses textes.

Désormais seul avec sa guitare, mais toujours accompagné de son pedalboard et de ses t-shirts de groupes obscurs, il vient de sortir son premier album, Breathe. Pour l'avoir déjà vu deux fois en live, je savais que sa musique avait l'air très personnelle, chantée d'une voix sensible, forte mais teintée d'une fragilité qui touche au cœur. Ces caractéristiques, on les retrouve aujourd'hui à ma grande joie sur ces 9 titres, tantôt dépouillés et à fleur de peau, tantôt riches en instrumentations. C'est peut-être parce que je suis obsédé par ce que j'écoute en temps normal ou que ma culture en musique folk est nulle, mais j'ai l'impression que sa musique sonne comme une version acoustique d'un groupe de skramz : les mêmes sonorités, les mêmes rythmes de guitares, mais avec bien plus de douceur et de tranquillité. Breathe s'ouvre avec "Curtains", qui commence avec le son d'une horloge qui tourne. Là ou pourtant, le temps semble s'arrêter lors de ses complaintes aussi tendres qu'éthérées. T'as un cœur à peu près équivalent à celui de Anders Breivik si il ne ressent rien sur "The Sandman", ou sa voix se fait parfois très caverneuse, laissant s'échapper quelques mots qui font écho à cette horloge qui ouvre l'opus.

"A ghost, a boy, a 3 wheels toy to fix, to play, the time to say. The sandman is driving away.
He's just so busy to stay, please wait for a ride, he just stopped for his bride."

Je m'attendais à un truc uniquement guitare-voix, mais il y a de temps en temps la batterie de Boris qui vient soutenir le rythme. Bonjour Boris ! Il y a également l'ovni du disque, "Portland", essentiellement jouée par un synthé comme t'en entendais à outrance dans la musique des 70's. Au début, j'ai trouvé ça étrange. Mais à la deuxième écoute, tu comprends le certain psychédélisme de la chose, toujours en raccord avec la délicatesse et l'introspection qui découle de l'univers musical de Flo. Et ça t'emporte sans que tu comprenne vraiment pourquoi... Puis, il y a le mini-tube de l'artiste, qu'il jouait sur son EP sorti précédemment (et que j'ai à la maison, joie !), que l'on retrouve sur l'album : "The Rat". C'est le morceau que tu verras toujours repris en sing along par une dizaine de gens à chacun de ses concerts... Et peut-être plus un jour, qui sait ?

"The reaper is in town, the stones are raining down,
Silence seems so cold, Your smile gets too old."

Ce monsieur cherche un label pour sortir son disque en CD ou en vinyle. Alors si Breathe vous a ému et que vous voulez participer à son histoire, n'hésitez pas à le contacter sur sa page Facebook. Je vous en remercierais, histoire de pouvoir écouter ces morceaux sur un format physique, ça mérite plus que de rester au format MP3, c'est bien plus vivant que ça. Si tu habites à Paris et que tu vois qu'il se produit en concert (auquel cas pour crâner un peu et jouer le mec trop au courant de l'underground musical parigot tu pourras dire à tes potes "Eh mec, The reaper is in town ce soir, tu viens ?"), ne le loupes pas, tu verras que c'est un mec gentil et abordable.


Bisous.


lundi 10 novembre 2014

Slow Bloom : le groupe de punk hardcore qui est tagué "surf punk" et "goth" sur Bandcamp.



Depuis mi-Juillet, State Faults (le groupe dont je possède 8 t-shirts à leur effigie, entres autres LPs, patchs, badges, dessins et cartes Pokémon), anciennement Brother Bear, se fait très silencieux. D'habitude, ces mecs, c'est le genre à poster au moins une fois par semaine des conneries dénichées sur les internets et à liker 99% des commentaires laissés sur leur page FB. Puis le 30 Juillet, le groupe y a posté une image du film "Le Tombeau Des Lucioles", tu sais ce moment ou la petite Setsuko dit en pleurs "why do fireflies have to die so soon?"... Et puis plus rien. Sauf pour annoncer il y a quelques jours que 3 des 4 drangus ont lancé un side-project avec le bassiste de Strike To Survive... Moi je pense plutôt que le groupe est en hibernation pas assumée, et que ce nouveau projet en est l'évolution... Et ça me ferait CHIER de savoir que State Faults est possiblement en suspens. Mais rassurez-vous, le nouveau projet est très cool.

Ça s'appelle Slow Bloom, on y retrouve donc 3 membres sur 4 de la formation screamo-trucquiplanegaze californienne, et c'est comme la Renault Kangoo, "la même, mais en différent". Leur premier EP, éponyme (dont l'image qui illustre l'article en est la pochette), dévoile un son plus entraînant et plus punk. Y'a toujours des riffs qui transpirent le delay et la réverb, mais plus pour balancer des arpèges, et plutôt pour donner un aspect "gloomy" et brumeux à leur punk-rock teinté de post-hardcore old school. Ça ressemble un peu à ce que Xerxes a fait avec son album Collision Blonde cette année. Au final, c'est toujours aussi perçant et virulent que State Faults, mais plus accessible, plus porté vers le sing-along, moins abstrait, même si on reconnait bien la plume de Jonny sur "Heaven".

"We're all living in a codeine dream! 
We're all living in a senguine gleam!"

Y'a un tas de lyrics que je peux citer, parce que c'est des uppercuts droits dans le cœur et le vécu, mais autant vous citer les trois textes en entier dans ce cas, mais je préfère vous laisser les découvrir par vous-même, ils sont en ligne avec les chansons sur la page Bandcamp de Slow Bloom. Il me tarde de voir si ce groupe a un avenir, ou si ça a juste été un exutoire pour se changer les idées pendant la situation instable dans laquelle State Faults semble être. En tout cas, c'est 3 pistes qui passent en répétition dans mes esgourdes, et c'est bon signe. J'ai pas grand chose à dire de plus, si ce n'est : kiffez le son et mettez-moi ça à fond les enfants. UP THE PUNX.

Time just wont heal these dizzy wounds,
It's a lie, it's a lie, it's a lie!
I'm feeling so much better, 
Singing la la la la,
I'm feeling so much better, 
Singing la la la la,
Its a lie, it's a lie, it's a lie, I'm feeling fine!

Bisous.


jeudi 6 novembre 2014

Souvenirs : le groupe emo que j'ai découvert en écoutant des sons "souvenirs d'enfance" genre Nuttea.


Je te jure que mon titre n'est pas une blague, et c'est même pas ma faute, mais celle du chanteur de Quasar. Normalement, je devais prendre le temps de rédiger en priorité 4 chroniques qui font la queue dans mes brouillons, mais là, par patriotisme et parce que du coup, j'ai l'inspiration des grands moments, bah j'ai fait passer une cinquième en priorité... Est-ce que vous vous rappelez des Dead Sailors ? Vous savez, ce groupe entre emo et post-rock originaire de Vannes que j'avais encensé sur mes chroniques de leurs deux EP (ici la review du premier, et ici celle du second), et qui ont malheureusement splittés depuis... Eh bien l'un de ces marins n'a pas totalement jeté l'encre ! En effet, l'un des deux Corentin a de nouveau pris le large et nous embarque dans un nouvel océan de feels, quand l'autre est parti dro)))ner avec UTØYA, mais je vous parlerais de ce groupe-là plus tard ;)... Il s'agit ici de vous parler de Souvenirs. Autrement dit, ces deux apollons qui rigolent au calme dans leur jacuzzi, quand toi tu plonges dans ta jalousie t'as vu.

Cette formation toute fraîche, un duo formé avec un certain Ronald (bonjour Ronald !), nous dévoile ce qui est à TRÈS juste titre qualifié comme des "heavy melodic pop songs" par le groupe lui-même. Mais malheureusement qualifiée de "post-grunge"sur leur page Facebook, ça les gars, c'est une grave erreur que vous avez faite... Après avoir sorti en toute fin d'année dernière leur premier EP éponyme qui dévoilait déjà une musique intimiste et paradoxalement très enjouée (emogame RPZ ma gueule), les Vannetais reviennent cette année avec un second EP, nommé This Is Our Pride, qui suit justement fièrement la route tracée par le premier opus.

Ce disque, c'est 5 ritournelles super catchy mais en même temps lacrymales avec des guitares aussi denses que chaleureuses, une sorte d'indie emo grungy. De ce côté-là, ça vous évoquera Nai Harvest, voire même Mineral dans les instants les plus traînants de leur musique. De l'autre côté, il y a l'aspect lyrical. Des paroles très simples mais touchantes, universelles, qui te parlera à toi, puis à ton pote à côté, et puis toi là-bas... Bref, à tout le monde. Et ce genre de textes sur ce genre de musique, bah c'est simple, c'est Sorority Noise mon gars, le side-project de Cameron Boucher (Old Gray) qui a sorti avec Forgettable un des tout meilleurs disques d'emo-pas-vraiment-emo-mais-un-peu-quand-même de cette année et sur lequel je suis également revenu sur ces pages. 

Le jour ou j'écris ce paragraphe précis, c'est le lendemain de ma découverte de Souvenirs. En allant au taff ce matin, j'ai écouté This Is Our Pride, alors déjà qu'il faisait beau, ça a illuminé ma putain de journée, surtout en reprenant en sing-along (dans ma tête hein) les paroles de "This World", qui devrait je pense devenir mon réveil matin, si tout va bien.

"Every morning when I wake up
My mind is dark, my mind is stoned,
But what can I say about it,
This shitty life's not made for me, I know, I know, I know!
This world is not for us!"

Ces paroles, elles sont chantées par la voix de Corentin, également guitariste, une voix aussi éraillée que sensible, que j'aime toujours autant que lorsque il jouait dans Dead Sailors, tu sais, quand il y gueulait avec toute la peine du monde "my heaaaaarts stoooops liviiiiing..."... Eh ben là, elle me fout encore les mêmes frissons, sans déconner. Souvenirs est un groupe qui ne va probablement pas se faire beaucoup plus connaître que les marins morts (qui le sont plus que jamais aussi, hohohooo hissez hauuut), mais qui mérite sérieusement que vous preniez une petite heure pour les découvrir, pour vous laissez transporter, les laisser vous faire bader et sourire. Si tu aimes ce qui sonne sincère, mélancolique et chaleureux, tu seras servi(e).

"WE'RE PROUD OF BEING WHAT WE ARE!"

Bisous au caramel salé.