lundi 8 mai 2017

Emokids on the road: Nancy, Fiducia Fest, et radios allemandes.




 Je commence à me spécialiser dans le fait de faire des heures de trajet pour 2 - 3 jours de congés partout en France. c'est coûteux, c'est fatiguant, mais qu'est-ce qu'on se marre bien. Je l'ai fait pour le Miss The Stars Fest 2016, je l'ai fait pour Rouille, Nothing, I Love Your Lifestyle / Sport / Alaska / Gulfer… Et je l'ai refait la semaine du 10 au 16 Avril, pour ce qui restera sûrement LE line-up screamo de l'année en France : Earth Moves + Cassus + Lypurá. C'est le copain Alex, qui a fondé À Fond d'Cale Prod, qui a eu la chouette mais malheureusement périlleuse idée de booker ce concert. À la base, ça ne devait être « que » Earth Moves et Lypurá. Mais il a pu ajouter Cassus, qui allaient jouer deux jours plus tard au Fiducia Fest à Mulheim, Allemagne. Tout ce qu'il fallait pour me faire craquer et me faire aller sans aucune hésitation à Nancy…

Je suis complètement fan d'Earth Moves, qui ont sorti avec The Truth In Our Bodies un chef-d'œuvre de compositions massives, romantiques, bouleversantes, aussi tumultueuses et épiques qu’atmosphériques et éthérées. Cassus, j'espère qu'ils seront l'un des groupes phares de avenir du screamo anglais, chacune de leurs chansons sont autant de cocktails Molotov lancés avec l'énergie du désespoir dans la face du capitalisme, des stigmas de nos sociétés. Et Lypurá, c'est la petite révélation emo / screamo allemande, qui crée une alchimie qui sonne évidente entre des sonorités late 90's – early 00’s skramz, et des influences emo « moderne » qui flirte avec l'indie rock et le post-rock. Il me tardait de découvrir tout ce monde, toutes ces chansons en live. Avant d'arriver à ce moment, il fallait encaisser plusieurs heures de voiture avec un covoit' que je ne connaissais bien évidemment pas. Timidité, anxiété, impatience, sièges qui font mal aux fesses : le cocktail parfait pour que la hâte d'arriver à Nancy soit plus grande que jamais.

Lorsque je suis arrivé sur place, une constatation un peu bête : « Bah Nancy c’est pas si différent de Paris en fait ? ». Bon, je n'avais pas visité le centre-ville pour le moment. Mais c'était quand même beau à voir, en prenant en compte que Paris, c'est globalement une belle ville… Je ne vais pas commencer à me mentir à moi-même sur ce sujet. Enfin bref, me voilà arrivé à la Machine, une péniche dans laquelle se situe un petit bar-concert à l’ambiance chaleureuse, géré notamment par F.T, l'un des gaziers de Déluge (post-black metal aquatique et soigné). C'est après quelques blagues et un verre d'eau citronnée que l'on accueille les groupes. Lypurá fait les choses dans les règles de l'art : beau petit van loué, tout beau tout propre, alors que Cassus n'en a strictement rien à foutre : tout rentre dans une Opel Corsa (qui du coup est une Vauxhall, celle-là c'est pour les amateurs – amatrices du monde automobile !). Mais en même temps, ça parait pas si compliqué, sans drum set. Tout le monde jouait sur la batterie d'Earth Moves, problème réglé :) !

On discute beaucoup avec les petits amours de BVDK, à qui on a proposé de faire leur premier concert ce soir, on refait le monde et on apprend à exécuter un dab avec classe et synchronisation autour d'une bière et du fabuleux houmous qu'Alex a préparé à la maison, en attendant que l’heure tourne et que chaque groupe joue son set. Plus les minutes passent, plus l'on se rend compte que la Machine reste désespérément vide… En effet, il y a bien peu de monde qui est venu assister au concert, en dehors des groupes, et c'est désolant… Je me rends compte que peut-être, la mort de l’engouement pour le screamo n'est pas qu'un problème parisien, en France… Mais en soi : qu’importe. On a passé un très chouette moment, et ce dès le set de Lypurá, malgré des restrictions sonores pénibles dues au voisinage. En aucun cas cela n'a découragé les allemands, qui ont donné un concert plein d'énergie, d'entrain, nous donnant envie de chanter avec eux… D'emblée, moi et Alex avons été pris de l’envie de chanter avec eux en sing-along « everyone is growing older, my fingers getting older! », chose que l'on a pas fait faute de timidité, mais qu'on a excessivement rattrapé le lendemain… Les curieux - curieuses et les deux reines du screamo français (des bisous à Luna et Alexandra ! <3) présent.e.s ont manifestement bien accroché à la musique des garçons, faisant se croiser les dérivations de la musique emo, la rendant aussi poignante qu'enjouée. Et de plus, malgré l'énergie déployée, ça joue et chante très juste ! Après cette démonstration de qualité, Cassus leur a succédé, pour proposer une musique beaucoup moins sympathique dans l'esprit. Eux, ils nous proposent un screamo beaucoup plus virulent, frontal, et rapide, très ancré dans les courants de pensée et d'actions actuels du mouvement. Et le mot est faible : ils nous ont mis une claque. J'attendais personnellement de les voir depuis longtemps, mon impatience a été grandement comblée : pendant 25 minutes, le groupe a enchaîné presque sans s'arrêter ses complaintes au vitriol, avec une force d'exécution impressionnante. De longs applaudissements ont ponctué la fin de leur set, qui n'ont fait qu'accentuer l'excitation et le taux d'émotions ressenties à la seconde par nous tou.te.s… À se demander si on allait survivre, haha !

Moi et Alex, on pensait mourir après la prestation de Earth Moves, qu'on attendait impatiemment… Personnellement, comme je vous le disais plus haut, je suis aveuglément fan d'eux depuis des mois. Voilà ENFIN le moment venu pour sing-along sur leurs morceaux en live ! Et c'était à la hauteur de mes attentes, là encore. Les anglais ont joué l'intégralité de The Truth In Our Bodies, et dans ce fond de cale (damn, j'ai même pas fait exprès de faire ce rapprochement avec le label…), l'espace paraissait bien plus imposant et brumeux… C'était aussi massif que sur disque, Mark était encore plus possédé par ses textes qu'il ne l'est quand je l'écoute chanter au travers de mon casque audio. Il fallait bien évidemment que je craque à un moment donné, sous ces kilos de catharsis et d'émotions accumulés depuis le début de la soirée, et c'est arrivé quand les garçons ont joué « Pia Mater ». Ce moment à partir de 6 :06, cette explosion de feels incontrôlée, cette rage expulsée du plus profond des tripes… À chaque fois, ça me tue. Eh bien ce passage, j'ai pu le hurler, enfin. Depuis le temps que ça me démangeait !! Et ce fût avec eux. Un chouette moment de communion, qui s'est poursuivi sur le final, avec ces deux phrases qui se répètent : « And I shouldn’t be here, and it shouldn’t have happened ». C'est quelque peu vidé d'un certain poids, et tou.te.s ébloui.e.s par le set d'Earth Moves, qu'on laisse les anglais se retirer, qu'on se remet de nos émotions, et qu'on attend tranquillement le dernier concert, celui des locaux de BVDK, qui jouent dans un registre radicalement différent. C'est très expérimental, à la croisée du black metal, de la trance, et de la world music. Concrètement, l’idée est chouette sur le papier : en plus d’une diversité très intéressante et complexe à rendre cohérente, elle prend à contre-pied les traditions quelques peu nauséabondes d'une partie de plus en plus importante du public et de la scène metal qui tendent vers le conservatisme, le nationalisme voire la xénophobie, à plus ou moins grande échelle. C'est tout l'inverse que nous proposent les jeunes gazier.e.s, mais il est plus difficile pour la petite audience encore présente d'accrocher à leur univers musical. La maîtrise, la richesse, l'originalité sont là. Je pense qu’ils ont besoin de bosser un peu sur cette cohérence dont je parlais plus haut. Que leur musique ne sonne plus « OVNI », qu'elle reste singulière mais qu'elle ne choque pas. J'ai plutôt confiance, ces messieurs dames prennent de l'expérience, ils - elle sont jeunes, ça va le faire. Quoique il en soit, ce fût une chouette soirée avec elle - eux aussi. On hâte de les revoir, que ce soit pour un concert, ou pour un verre, ou que sais-je.

C'est malheureusement sur un four que nous quittons la Machine : 18 entrées payantes… On est vraiment heureux d'avoir eu cette audience-là, mais évidemment, on aurait aimé que Nancy soit plus curieuse. Alex me disait que le concert de Suicidal Tendencies, qui se déroulait le même soir, avait vampirisé le public hardcore local… J'ai trouvé ça curieux, car le public de SxT est quand même relativement différent du public skramz en général… Le screamo à Nancy semble donc autant en léthargie qu'il l'est à Paris, c'est dommage. On a besoin d'y croire encore, mais c'est dur. On part à la maison avec la joie d'avoir vu un concert qui s’est déroulé à merveille malgré les contraintes de débit sonore, mais avec cette frustration que notre milieu n’est plus aussi vivace qu'il ne l'était il n'y a pas si longtemps encore, au final… On parcourt les rues de Nancy avec deux membres de Lypurá, et ça nous fait marrer de voir le bassiste ébloui par les parcs nancéens, les terrains de baskets environnants. Il pose beaucoup de question sur la ville, ce qu’y font les étudiants, sur la vie en général ici. C'était cool.

On arrive à l'angle de la rue ou habite Alex, pleine de vieilles barres d'immeuble, ça a son charme, c'est vachement plus beau et vivant que les barres HLM de banlieue parisienne. Les garçons de Earth Moves nous attendent en se marrant, avec de gros oreillers en main. Ils ont déjà tout prévu et le font bien ! Heureusement, il n'y a plus que quelques pas à faire, la maison est à quelques mètres, les sacs commencent à peser, et les Cassus nous attendent devant. On se pose à la maison, on arrive à caler 14 musiciens dans un salon, tout passe crème, ils sont contents, trouvent la déco vachement chouette, et moi aussi. Je me réfugie dans la chambre du couple, histoire de ne pas prendre trop de place, et à cause de ma timidité maladive aussi… Et on s'endort tou.te.s assez vite, je dois dire. Normal, la journée fût longue pour tout le monde.

J’ai l'impression qu'on s'est tou.te.s réveillé.e.s paisiblement le lendemain matin. On a passé une bonne nuit. Il faut dire que c'est très calme chez Alex et Maude. Les chat.te.s, Amanda et Wilson, se chamaillent et se sont tourné.e.s autour la nuit, mais ça restait plus mignon qu'autre chose. Je suis admiratif de Amanda : CE PELAGE, CES YEUX. Quand je me suis réveillé, les Lypurá étaient déjà partis. Il restait les Earth Moves et Cassus. Ils sont hyper agréables, ces garçons. En fait, ils ont tous eu l'air d’être doux et posés au réveil. Ça fait du bien, on se faisait du bien mutuellement à se réveiller tranquillement je crois, haha :) . Et moi, évidemment, je n'ai décroché quasi-aucun mot, retranché sur mon coin de sol à frénétiquement mettre à jour mon fil Facebook pour faire mine de m'occuper alors que je me réfugiais derrière ma timidité maladive et ma gêne de parler un anglais amateur. Alex est venu me chercher, car ça le préoccupait que je sois seul, et il avait raison. Je me suis joint à eux, toujours silencieux. Et tout le monde est parti, tranquillement, les groupes ont repris la route, et je suis parti avec Alex rejoindre Maude, pour manger un bout, et me faire charcuter le torse pendant 4 heures, pour au final me faire encrer son interprétation de l'artwork de Riala, ce fabuleux disque de Suis La Lune. Et y’a pas à dire, elle a fait un boulot fantastique…

À la fin de la journée, Alex et moi étions rincés. Moi à cause de ma séance de torture, lui parce qu'il a couru partout, essentiellement pour s'occuper de tou.te.s ses proches. Mais croyez-vous que cela nous a arrêtés ? Pensez-vous. On avait en tête ce fest qui se déroulait le week-end qui arrivait, le Fiducia Fest. Le même line-up que Jeudi soir, mais avec en plus Rope, Soul Structure, Wayste et La Petite Mort / Little Death. On a hésité, on a dit non, on a vu que c'était 10€, on a calculé le trajet, on a pris la route le lendemain matin. Serions-nous fous ? Je vous répondrais simplement : « WE ARE DESPERATE KIDS DOING EXTRAORDINARY THINGS ! ». On aurait aimé prendre deux amies avec nous mais elles n'étaient pas disponibles. On part vers Mülheim avec un peu de peine de les laisser en rance, mais on est quand même vachement excités par cette nouvelle petite aventure improvisée. On prend une baguette pour le chemin, et c'est parti ! Bon, j'avoue, on a triché : on s'est arrêté pour prendre un café et trouver du Club-Mate. Il s'agissait de ne pas mourir d'épuisement sur le chemin, haha ! On a pas trouvé de Club-Mate, en revanche le café a coulé à flot dans mon corps, quand Alex a joué la carte du raisonnable, petit lait de soja-vanille. On a continué notre route tranquillement, longeant les autoroutes allemandes ma foi très ennuyeuses, et les petites routes laissant voir des paysages vraiment BEAUCOUP plus beaux. Que ce soit par le passage obligé par le Luxembourg ou les petites bourgades allemandes, qui de surcroît furent embrumées, c’était magnifique à voir. Un chouette moment de détente et d'évasion… Mais l'impatience était de plus en plus grande, et on avait de plus en plus mal aux fesses, haha ! L'arrivée à Mülheim, dans ce bout de rue balisé par les tags anarchistes qui signalaient le lieu du concert, a été un soulagement relatif, que ce soit physique ou mental… LA DÉTENTE, ENFIN. Et forcément, il a fallu qu'on arrive 1H30 à l'avance, hahaha ! On s'est retrouvé avec les groupes qu'on avait laissé la veille, heureux de nous revoir ici, on l'était aussi. C'était chouette de les retrouver hors de notre pays morose, en des lieux vachement plus propices à la fête. L’AZ Mülheim, c'est un genre de squat, très bien entretenu, magnifiquement décoré, clairement anarchiste, antifasciste. Tellement revigorant de redécouvrir ce genre de lieux qu'on a vraiment plus beaucoup chez nous. Tant qu'on y est, profitons du temps qui nous est donné. Mais ce temps fût d’abord bien long pour l'attente entre le temps où nous sommes arrivés sur place et le début des concerts. À part les groupes, on ne connaissait personne ! Et entre deux timides, bah… C'était THE awkward moment haha ! Le premier Club-Mate de la soirée, qu'on a bu pour passer le temps, nous a un peu aidé. Mais les choses se sont vite détendues lorsque le premier groupe est monté sur scène. C'était Lypurá qui ouvrait la soirée, et première constatation : ça joue deux fois plus fort qu'à Nancy. On a pas caché notre joie à vrai dire, on se disait qu'on allait pouvoir pleinement profiter de leur show ! Et justement, les allemands ont encore mieux joué qu'à Nancy, c'était beau à voir. On a voulu tenter le sing-along là aussi, sur ce « everyone's growing oldeeer », mais rien à faire, on a encore été paralysé par la timidité, haha ! Après ce premier concert qui nous a clairement convaincu que le trajet et l'attente en valait la chandelle, on a un peu fait le tour de la bâtisse pour voir ce qu'il s’y tramait ce soir, ce qui fait sa personnalité, son attrait. On a trouvé le stand de merch dans un grand espace qui s'avère être… Un skate park ! On a pas mal halluciné, d'autant plus qu’il fait face aux cuisines. Beaucoup trop cool, haha ! À notre grande joie, Ingo de I.Corrupt Records avait apporté sa distro, mais pas pour celle de notre porte-monnaie… Bon j'avoue, je me suis retenu, mais Alex a fait de belles trouvailles : le dernier LP de Amygdala et une chouette compilation 2 x 7" avec entre autres un morceau de The Death Of Anna Karina. Toujours un plaisir d'éplucher sa distro, Ingo a toujours de chouettes disques… Et c'est un garçon bien cool !

Cette petite halte au merch terminée, on est bien évidemment parti reprendre un Club-Mate, pour ensuite retourner dans la salle de concert pour y voir Wayste, un groupe local qui nous a mis une belle claque. Adam of Lingua Nada m'en parlait souvent, il me disait « Wayste c'est l’avenir du hardcore mon gars ! ». Alors c'est pas le futur, mais c'était quand même bien cool. C'est un genre de hardcore frontal, chaotique, qui cognait sec, avec quelques relents screamo. Ils ont mis tout le monde d'accord, pas un mot, juste la bouche bée et les cervicales en miette. D'autant plus que le contraste avec le groupe d’après allait être assez puissant : c'est Rope qui arrivait juste derrière. Leur truc à eux, c'est un post-hardcore tranquille, rutilant, et qui se joue avec BEAUCOUP de fuzz. Un peu comme si Self Defense Family avait choisi de faire du Cloakroom. Alex était impatient de les voir, et j'étais bien curieux également. EH BIEN COMMET DIRE QU’ON A ÉTÉ QUELQUE PEU CONTENTS ??? Oui, autant d'enthousiasme que ça, tout à fait. Mais en revanche, les anglais en avait gros sur la patate : les flics ont embarqué leur van à la fourrière car ils se sont garés sur une place réservée à un marché, et ils avaient 300€ de frais à débourser pour le récupérer… Ils l'avaient légitimement de travers, et ça s'est ressenti dans leur prestation. C'était tendu au possible, mais également plein de passion. Tout le poids de leur frustration, de leurs colères respectives, mais également de tout ce qui fait le côté plus délicat, artistique, romancé, de leur musique, tout est ressorti sous ces formes d’écumes sonores pachydermiques venant s'échouer sur nous. C'était un moment ou tout semblait quelque peu suspendu dans l'espace-temps. Et tout semblait violemment retomber à chaque riff, pour aussitôt repartir en apesanteur lorsque le frontman déclamait ses complaintes d'un chant piquant, puis transcendant. C’était vraiment chouette, ce set. Et on avait beaucoup de peine pour eux… Je voulais leur prendre une tape, pensant que celles qu'ils avaient étaient leur album, mais non, il s'agissait d’un single sorti avant… Bon, c'était le moment un peu déprime du soir, heureusement que La Petite Mort / Little Death arrivait juste après. Il me tardait de les voir, j'ai adoré leur set au Miss The Stars Fest 2016, j'adore leur math-skramz tout fou, qui par moments me rappelle pas mal les Blood Brothers. Puis ils ont l'air tellement sympas et rigolos ! Et ça s'est encore vérifié ce soir. Ils sont tout jeunes, ils débordent d’énergie et d’insouciance, et ça se sent dans leur façon de jouer, de chanter. Et quel talent ! Leur set est allé hyper vite, c'était impressionnant.

Il ne restait plus que 3 groupes à voir. Et l'un d'eux fût une énigme pour moi et Alex : Soul Structure. Si j'ai bien compris, le groupe faisait son ultime tournée, et en profitait pour jouer au Fiducia Fest. Je n'avais écouté qu'un ou deux morceaux, et je n'étais pas très fan… C'est un genre d’emo / post-punk très saccadé, avec des guitares en clean, mais ça manque de catchiness, selon moi. Mais j'attendais tout de même de redécouvrir ça, car ce genre de musique prend tout son sens en live. Pour leur set, un sans-abri est venu se mêler au public. Il était manifestement ivre, mais essayait de rester respectueux des gens autour. À chaque chanson, il s'imaginait jouer du violoncelle, il jouait de son instrument imaginaire avec fougue et passion, on dirait qu'il en a beaucoup joué avant de finir à la rue… Il dansait beaucoup, aussi, ça me faisait penser à de la danse contemporaine. Le frontman de Soul Structure lui a souvent tendu sa guitare, est souvent venu près de lui. Le bonhomme n'a eu aucun problème à profiter du concert, c'était chouette à voir. À Paris, il aurait sûrement été mis à la porte depuis longtemps… Comme je me l'étais imaginé, Soul Structure s'apprécie mieux en live. Selon les morceaux, Ils m'ont donné envie de me replonger dans leur discographie. Je retenterais de les écouter avec attention bientôt, je pense.

En attendant, mon excitation était bien trop grande : Earth Moves devait jouer juste après, et j'étais on ne peut plus heureux de le revoir. Alex l'était aussi ! On a pas bougé de l'espace de concert, en attendant qu'ils s'installent, gardant jalousement nos places tout devant. Pendant les dernières balances, Samuel nous a joué le riff principal de « With Wings Of Feather And Glue » de Suis La Lune… MAIS SAMUEL PLEASE, j'étais déjà assez niais comme ça :’) ! Quelques minutes après, les voilà prêts à jouer, et l'envoûtement fût encore plus grand que lors de leur set nancéen. Ils avaient une marge plus grande pour étaler leur mur de son onirique et massif, et en ont largement profité. Là aussi, je me suis mis au sing-along. Ça fait du bien d'oublier sa timidité, dans ces moments. Mais bref, je ne m'étalerais pas sur moi, c’était une chouette chance de les revoir aussi vite, et dans un tel lieu. J'espère que la troisième, ce sera pour bientôt…

Il nous restait un dernier groupe à voir, un dernier exutoire, qui allait mettre tout le monde d'accord, et qui était très attendu des festivalier.e.s. Je le dis au début de ce texte, Cassus est l'un des tout meilleurs groupes de screamo anglais actuels. Y'a une colère, une intensité éprouvante et captivante, une musicalité certes très violente, mais également accrocheuse, paradoxalement. L'éternelle énigme du screamo. Fidèles à leur musique, à son contenu, la scène éclairée par des guirlandes disposées le long des amplis pour leur set, les anglais ont expédié en une vingtaine de minutes leur skramz au vitriol, désespéré, alerte. Un set qui nous prend aux tripes, qui recueille une forte attention de tou.te.s. Il fût bien difficile de les laisser partir, tant leur prestation a pris de court tout le monde. Comme si ils venaient de confirmer leur statut de highlight du screamo.

Il est maintenant l'heure pour Alex et moi de dire au revoir à ce lieu alternatif, qui rien qu'en une après-midi nous a tellement fait du bien au moral. On regrettait de rentrer dans cette rance morose, bientôt soumise à la débâcle électorale que l’on connait maintenant tou.te.s si bien. Mais on est quand même rentré le cœur léger, grâce à cette journée pleine d'émotions fortes et de débilités assumées… À moitié ! Et cette nuit passée à parcourir les longues routes à écouter les émissions de nuit des radios locales comme Radio Cosmos ou RPR1 nous ont fortement aidé à tenir le coup… Quelle radio française s’amuserait à faire s'enchaîner du jazz psychédélique et du gabber à 3H du matin ?? Je vous mets au défi de me trouver ça. Lorsque l'on est rentré sur Nancy, on a rebasculé sur Chérie FM, puis Skyrock… Un petit son bien ghetto montres en or de Lacrim pour se garer, tout ce qu'il fallait pour finir la soirée en catastrophe, et on rentre, même pas tout à fait fatigués de notre trajet, au final. Merci aux litres de Club Mate ingurgités !

Mais évidemment, on est quand même tombés assez vite, et le réveil fût dur. Tôt le matin, je devais prendre mon covoiturage dans une ambiance assez froide, tant dans le climat qu’auprès des gens que j'ai croisé dans le tramway. Je me souviens de ces deux mecs encore alcoolisés, qui s'en sont pris verbalement à un homme qui l’a bousculé sans le faire exprès. Je crois qu'il y a eu des mots racistes contre lui… Trop vite, je serais de retour à Paris. Ces quelques jours d'évasion étaient chouettes, ils ont rallumé la flamme du skramz en moi, qui quelquefois tend à perdre en lueur en fonction des humeurs. Même si on a constaté que cette flamme est bel et bien morte à Nancy, certain.e.s y croient encore. Alex y croit encore de tout son cœur, et ce genre de petit bonhomme est très, très important, dans la scène punk. Un énorme merci à lui. Pour m'avoir permis de vivre ses instants inoubliables et forts. Un gros pardon pour ma timidité maladive. D'ailleurs, ça vaut aussi pour les groupes, à qui j’ai pas beaucoup parlé, au final… En espérant revoir tout ce petit monde bientôt. 

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